La Corse, l’île de beauté

« In terra chè tù vai, fà usu chè tù trovi. » Proverbe corse
(« Lorsque tu arrives dans une autre terre, conformes-toi aux usages que tu y trouves. »)

Septembre 2024

La Corse est une destination que j’ai choisie pour sa proximité, son soleil, sa gastronomie et la splendeur des paysages qu’on m’avait vantée et à raison ! C’est très sauvage avec que de charmants villages. J’aime particulièrement la mixité montagne et mer qui apporte cet effet « waouh » à chaque virage. L’île a également la réputation d’être une terre mafieuse, de refuser de faire comme tout le monde et de mal accueillir les touristes sous prétexte qu’on est un « pinzutu » (un continental) ou un étranger. Mais pour notre part, avec mon amie Alice et mon auxiliaire de vie Elisa, nous avons été reçues avec une grande gentillesse et générosité partout où on a été. La Corse est une terre de résistance, de loyauté, de sens du sacrifice et de coutumes. Elle s’est forgée grâce à sa propre histoire pour pouvoir se dresser au beau milieu de la Méditerranée. Mais ses habitants aiment faire découvrir leur terre, du moment qu’on la respecte, ce qui nous paraissait finalement bien normal.

La traversée en ferry

Pour aller en Corse, il n’y a que deux possibilités : par les airs ou par la mer. Le principal problème avec l’avion, c’est de trouver un véhicule accessible avec une rampe à louer sur place. J’ai donc choisi d’y aller avec ma propre voiture pour qu’on puisse être libres de parcourir l’île sans obstacle. Pour cela, la solution du ferry était parfaite !

La réservation

Il existe trois compagnies de ferry qui desservent la Corse : La méridionale, Corsica Linea et Corsica Ferries. J’ai comparé sur le site Direct Ferries les différents choix avec un départ de Marseille pour ma part (4H de route de Toulouse). Comme on voulait faire un roadtrip, on a choisi d’arriver à Ajaccio puis de repartir de Bastia.

Pour effectuer la réservation, j’ai contacté par téléphone le service Assistance aux Personnes à Mobilité Réduite sur les navires de Corsica Linea. L’aller était avec la compagnie La Méridionale et le retour avec Corsica Linea mais l’assistance a pu faire la réservation des deux trajets. Il suffit d’indiquer les dates souhaitées, les informations sur le véhicule (marque, modèle et dimensions) et si on souhaite une cabine PMR (attention, il n’y en a pas beaucoup sur les ferries donc il est préférable d’anticiper la réservation suffisamment en avance, surtout en période estivale). Il faut également envoyer par mail la carte d’invalidité avec mention d’accompagnement pour justifier du droit à la cabine PMR et de la gratuité du billet pour l’accompagnant (qui s’est appliquée seulement sur le trajet retour avec Corsica Linea, je n’ai pas compris pourquoi ce n’était pas le cas pour le trajet aller avec la Méridionale). La pré-réservation peut être bloquée pendant 4 jours et le paiement peut être fait en ligne. Après confirmation du paiement, les billets sont envoyés par mail.
J’ai choisi pour l’aller et le retour un trajet de nuit avec cabine pour optimiser le voyage. La durée de la traversée dure environ 13H à partir de Marseille (18H-7H) donc autant dormir et être prêt à attaquer une journée en forme !

L’embarquement

En voiture, il est nécessaire d’arriver 3H avant l’horaire de départ. Il est important d’arriver dans les premiers pour se signaler au personnel et se mettre dans une file dédiée aux véhicules PMR qui entreront en premier sur le ferry pour accéder aux places de parking PMR situées à proximité des ascenseurs. En effet, lorsque tous les véhicules ont embarqué, il y a ensuite peu d’espace pour circuler en fauteuil roulant. Avant d’embarquer, le personnel contrôle les billets et inspecte l’intérieur du véhicule mais c’est très rapide et tellement plus simple que l’avion (pas de problème avec le fauteuil roulant électrique et ses batteries) !

Bienvenue à bord !

A bord, tout est bien accessible, à l’exception de l’accès à l’extérieur. Sur le bateau de la Méridionale qui était très récent (avec notamment un moteur nouvelle génération écologique), j’ai pu accéder au pont arrière en étant accompagnée par une personne du personnel pour prendre un ascenseur spécial qui menait à une porte d’accès avec une légère marche. Sur le bateau de Corsica Linea qui était beaucoup plus vieux, il y avait seulement un accès vers l’extérieur qui menait sur un des côtés du bateau mais il y avait une marche trop importante pour accéder au pont arrière. L’accès aux parties communes, bar et restaurants, était en revanche bien accessible.
Les cabines sont très bien aménagées et c’est spacieux pour circuler en fauteuil roulant. La salle de bain est assez grande et bien conçue. J’avais pris avec moi ma chaise percée normale (pas besoin de la démonter pour la mettre dans la voiture). Sur le bateau de la Méridionale, la cabine était propre et on avait même un hublot. Par contre, sur le bateau de Corsica Linea, elle était très vieillissante et assez sale, sans hublot. Mais on a globalement bien dormi (bien que ça tanguait davantage au retour donc on a eu un bon mal de mer !).

La cabine PMR sur La Méridionale

La cabine PMR sur Corsica Linea

Le débarquement

Environ 1H avant d’arriver à bon port, une voix ou musique résonne dans les hauts parleurs pour nous réveiller. Il n’y a donc aucun risque de louper le réveil !
Pour rejoindre le parking, on s’est faites accompagner par le personnel. Pas besoin de se presser puisqu’on sort dans les derniers du fait que les places PMR sont à l’opposé de la sortie. Mais en 10 minutes, toutes les voitures sont sorties donc c’est assez rapide.

Notre roadtrip

J’avais préparé un planning bien rempli pour essayer de voir le maximum d’endroits sur 8 jours. Il y avait beaucoup d’heures de route donc je m’étais assurée que ça convenait à Elisa. J’adore bouger et voir du paysage mais il faut que ça plaise à tout le monde 🙂 Et on n’a pas été déçues, notre sélection était top !

Jour 1 : d’Ajaccio à Bonifacio

Après avoir récupéré mon amie Alice qui était arrivée de Paris en avion, on a été se garer dans un parking payant dans Ajaccio car on n’avait pas envie de perdre du temps à chercher une place PMR. On s’est posées sur la Place Mère Teresa à côté de la cathédrale Santa Maria Assunta et on a pris un super bon petit-déjeuner au Bistrot Canaille. La cathédrale est accessible par une porte située dans une rue annexe à l’entrée principale mais elle était fermée et la personne à appeler s’était absentée. On s’est ensuite baladées dans Ajaccio en suivant plus ou moins les « traces de Napoléon ». La ville est accessible mais on n’a pas eu de coup de coeur.
On a ensuite repris la route pour aller jusqu’à Bonifacio en s’arrêtant faire une pause sur une plage mais de courte durée car il y avait beaucoup de vent. On a été récupérer les clés de notre logement : on avait réservé deux nuits dans le camping Pertamina Village. On avait un mobile-home spacieux et bien aménagé PMR.
Le soir, on a été manger au port de Bonifacio chez Mama Gina. Le restaurant était situé sur une place avec deux marches pour y accéder donc on a demandé à des mecs costauds de nous aider à porter le fauteuil. C’était très bon alors ça en valait la peine !

Jour 2 : Bonifacio

On a commencé la journée par revenir au port pour s’y balader de jour et profiter des petites boutiques. Comme la veille, trouver une place (PMR ou non) est très compliqué alors on s’est à nouveau garées sur le parking d’une supérette SPAR. Il y avait un vigile qui guettait justement la fraude aux places mais il a accepté qu’on y reste le temps qu’on aille se promener environ 1H.
On a ensuite repris la voiture pour se diriger vers la Citadelle médiévale qui est perchée en haut d’une falaise. A nouveau, impossible de trouver une place alors on y a été au culot, on a demandé au personnel d’une crèche si on pouvait se garer sur leur parking privé et et ils ont accepté, vraiment très gentils ! On a mangé au restaurant Le rustic où on a pris une assiette de spécialités corses (fromage, charcuterie et aubergine farcie), c’était simple mais bien. On a ensuite été se balader dans toutes les charmantes petites ruelles qui sont bien accessibles malgré les pavés. L’accès à la fameuse vue sur les falaises en calcaire est bien indiqué pour y accéder en prenant des plans inclinés. Bonifacio est une très jolie ville mais très touristique (et pourtant on était presque mi-septembre). Avant de rentrer au camping, on est allées boire un coup sur la jolie plage de Palombaggia. Ce site recense les plages accessibles PMR avec la mise à disposition d’un « TIRALO ».

Jour 3 : piscines naturelles de Cavu et Aiguilles de Bavella

On s’est rendues à notre premier spot : les piscines naturelles de Cavu. Il y a un long chemin à faire à pied après le parking mais l’accès en voiture est autorisé pour les personnes à mobilité réduite (il faut sonner à l’interphone pour faire la demande). On peut ensuite se garer à côté du restaurant Les 3 piscines. On s’est posées pour y manger, les plats n’étaient pas fabuleux et c’était assez cher mais le cadre est magnifique. L’accès aux piscines naturelles en contrebas n’est pas possible en fauteuil roulant. Par contre, on a repris la voiture pour continuer le chemin après le restaurant et on s’est arrêtées au niveau d’un pont avec une vue à 360° absolument sublime !
Sur la route pour rejoindre notre deuxième spot, on s’est arrêtées quelques minutes devant le lac de l’Ospedale qui est très beau. On a également fait une petite balade à pied dans le village de Zonza mais il n’y avait rien de particulier. On a enfin atteint les aiguilles de Bavella et on a bu un bon chocolat chaud dans un restaurant pour profiter de la vue avant le coucher de soleil (il faisait sacrément froid là-haut !). C’était vraiment magnifique, ça en vaut le détour !
On a terminé la journée en rejoignant Porto-Vecchio où j’avais trouvé un hôtel pour une nuit : Hôtel du pont de l’Oso. La chambre et surtout la salle de bain n’étaient pas très grandes mais ça a fait l’affaire.

Jour 4 : de Porto-Vecchio à Piana en passant par Corte

On n’avait pas prévu de passer beaucoup de temps à Porto-Vecchio alors on est passées en voiture dans le centre-ville mais les bouchons et la pluie nous ont fait prendre la route rapidement pour aller jusqu’à Corte. On s’est baladées dans la rue principale et on a mangé dans le restaurant U San Teofalu
qui faisait des tartines délicieuses, on s’est régalées ! Le village n’est pas très accessible car il y a beaucoup de marches pour prendre de la hauteur alors j’ai laissé les filles aller découvrir pendant que je faisais un tour dans une boutique de souvenirs. Avec la voiture, on a finalement pu voir les principales rues qui étaient en hauteur par une autre route.
Puis on repris la route jusqu’à Porto-Ota qui était incroyable, les paysages sont splendides. On est arrivées sur le village de nuit donc on ne voyait plus grand chose sur la fin mais on a croisé en plein milieu de la route des chèvres et des cochons sauvages qu’on avait tellement envie de voir au moins une fois en Corse !
Après une bonne journée de route, on a découvert notre studio dans la Résidence Hotellière Capu Seninu pour deux nuits qui était génial. J’avais au départ réservé un autre logement via Booking.com mais le propriétaire m’a surclassé sans surcoût dans un autre de ses logements pour l’accessibilité PMR. Il a été adorable.

Jour 5 : Porto-Ota et les calanques de Piana

On s’est promenées à pied dans Porto-Ota, autour de la fortification (Tour carrée de Porto) et du petit port. On a emprunté un pont piéton mais le passage pour mon fauteuil roulant était vraiment serré. Si vous avez un petit fauteuil roulant et si vous êtes accompagné, je vous le conseille car ce coin est très mignon et peu fréquenté. L’intérieur de l’office du tourisme est très joli, tout en pierre avec une exposition de photos. On a mangé à la crêperie L’Ora, c’était bon mais on a été embêtées par les guêpes (quelle idée de prendre de la confiture de figue ahah) !
On a ensuite été se promener dans le joli village de Piana qui était calme.
Mais le top du top dans cette région de Corse c’est de reprendre la voiture pour sillonner les routes des calanques de Piana. On a fait plusieurs aller-retours le long de cette côte, en début d’après-midi puis juste avant le coucher du soleil, et c’est pour moi l’un des plus beaux endroits de l’île. On a été se poser à un magnifique point de vue (Affacatoghju) pour observer le coucher de soleil, on était entourées de chèvres et on voyait tout le golfe de Porto. SUPERBE !!
On devait également faire une balade en bateau pour découvrir les Calanques de Piana, le Capo Rosso, la Réserve de Scandola et le village de Girolata, mais la météo en mer n’était pas favorable toute cette semaine-là donc nous n’avons pas pu la faire à notre très grande déception. J’avais trouvé la compagnie Le Pass’partout qui a des bateaux accessibles PMR.

Jour 6 : Calvi et L’Ile-Rousse

On a repris la route pour aller à Calvi. On s’est promenées dans la citadelle qui est bien accessible et on a mangé avec une jolie vue sur mer dans le restaurant Mi. C’était incroyablement bon et beau, pas très cher, un des meilleurs restaurants de ma vie, rien que ça !
Et puis on a rejoint l’Ile-Rousse qui est une mignonne petite ville. Ce qui était très sympa c’est de pouvoir monter à pied jusqu’au phare de la Pietra. Le chemin depuis le parking est large, plat et monte doucement. La vue d’en-haut est magnifique.
Notre dernier logement pour deux nuits se situait dans la résidence Les Alizés. L’isolation n’était pas très bonne mais la salle de bain était très spacieuse.

Jour 7 : Excursion en 4X4 dans les Gorges de l’Asco

On avait réservé pour cette journée une excursion en 4X4 avec Natura Corsa. Le guide est venu nous chercher à notre hôtel et il y avait un autre couple de touristes. Pour la sortie, on avait prévu mon fauteuil roulant manuel (heureusement que j’ai une grande voiture) pour pouvoir sortir du 4X4 à la pause déjeuner. Elisa, mon auxiliaire de vie, est forte et m’a donc portée pour me mettre sur le siège à l’arrière. Ca secouait pas mal donc elle m’a mise sur la place du milieu pour être bien maintenue de chaque côté, en plus de ma ceinture. L’expérience était chouette et ça nous a permis de découvrir d’une manière différente les paysages corses avec pleins d’explications du guide, c’était hyper enrichissant ! Le midi, on a mangé des lasagnes au fromage de chèvre et une crème brûlée à la châtaigne dans le restaurant Le Pont Genois, c’était excellent ! Comme il ne faisait pas très chaud, personne ne s’est baigné alors le guide nous a emmené jusqu’au désert des Agriates avant de nous déposer à l’hôtel.

Jour 8 : Bastia et départ pour le ferry

On a filé vers notre dernière destination : Bastia. C’est une plus grande ville mais qui nous a bien plu, on y serait bien restées un peu plus longtemps pour faire les boutiques ! Comme c’était le dernier jour des vacances, on a trouvé l’épicerie fine U Muntagnolu pour ramener du fromage, de la charcuterie et des petits biscuits corses. C’était un bon souvenir à apprécier au retour !